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MIR. Un cauchemar virtuel

Une critique du livre, dont une phrase résume très bien la vie des TI’s (les vilains Russes comme toujours…). Ce n’est pas la 1e fois que la fiction rejoins la réalité.

     Suite du Seigneur du RIM, ce roman se passe en 2036, dix ans après le combat livré par Frank Gobi, anthropologue transculturel et « détective privé psychique », contre un virus informatique qui a envahi les sites de réalité virtuelle du monde entier et menaçait d’annihiler les consciences des utilisateurs connectés (parmi eux, son fils Trevor). Depuis, Frank et sa compagne Tara Evans (elle aussi adepte psychique) ont disparu de la circulation, partis dans une nouvelle et mystérieuse quête spirituelle. Mais Trevor Gobi tente à sa façon de suivre les pas de son illustre père.
     Trevor et sa petite amie, Nelly, sont en vacances sur la Côte d’azur. Au même moment le comte Trobolsky, chef des services de renseignement cyber du régime néo-tsariste de la Russie, se trouve aussi dans le coin. Il s’apprête à trahir son pays en vendant son plus grand secret  : Mir, un virus (biologique cette fois-ci) dont le code ADN a été découvert dans une transmission infrarouge d’origine extraterrestre par des cosmonautes à bord de la station spatiale du même nom. Il se révèle que ce virus possède d’étranges propriétés psychiques et fusionne avec la conscience de son porteur. L’État russe a rapidement développé des applications intéressantes  : la création du Neuro-Goulag, qui condamne ses victimes à vivre dans une sorte d’enfer mental (plus besoin de construire des bagnes physiques), et le contrôle psychologique des foules (particulièrement utile contre les émeutes et insurrections).
     Le transfert doit avoir lieu dans un café à Cagnes-sur-Mer. Le contact de Trobolsky, un certain Alyosha, vient d’acquérir le dernier gadget à la mode, un tatouage doté de l’intelligence artificielle. Ces tatouages sont physiquement mobiles et font fonction d’ « avatars », des représentants qui réalisent des tâches dans la réalité virtuelle pour le compte de leurs porteurs. Or, au moment du transfert, des agents de la Sûreté française font une irruption intempestive, et dans la mêlée, l’échantillon de Mir s’échappe de son réceptacle, se rattache au tatouage d’Alyosha et puis décampe pour un refuge plus sûr  : la peau de Nelly, assise avec Trevor au même café à la table voisine.
     Dans ce roman rocambolesque et assez hilarant, Besher continue à explorer avec originalité une culture planétaire du xxie siècle qui combinerait la technologie occidentale et la sagesse orientale. Mais le récit fonctionne surtout au deuxième degré, épinglant à la fois les bêtises des adeptes de l’informatique et de la RV, et les excès des disciples du mysticisme « New Age ». L’intrigue est un peu plus confuse que celle de RIM et la résolution finale n’est pas entièrement satisfaisante. Certaines choses, notamment la nature du projet mystérieux de Frank et Tara, ne seront éclaircies que dans le troisième volet de cette trilogie, CHI (1999), non encore traduit en français. Et d’autres aventures des Gobi, père et fils, vont paraître bientôt, dans une nouvelle série, intitulée « Hanging Butoh ».